Pamphlet anti-chanson cachée
Regardons la vérité en face : Having An Average Weekend, le dernier titre de notre par ailleurs excellente compile Un Hiver 2021, a une fin un rien pénible. Le vrai (et bon) morceau s’arrête autour de 2:37 et après quelques longues secondes de silence, un autre morceau commence, un tantinet casse-couilles, qui va nous gonfler pendant une bonne minute. La faute à une astuce de production, la pire arme de l’arsenal de l’industrie du disque, qu’on espère disparue pour de bon : le morceau caché, ou hidden track comme on dit outre-Manche1.
Le mauvais exemple des Klaxons
Myths of the Near Future, le premier album des londoniens Klaxons, sorti en 2007, est très bien. C’est pas ça la question. Leur électro-post-glam-punk hystérique, teinté de proto-rave-funk de tout premier ordre, atteint même parfois des sommets comme sur Totem on the Timeline, par exemple.
Jetons pourtant un œil au dernier titre de l’album, Four Horsemen of 2012 :
Vous voyez cette petite barre rouge ? Environ 15 minutes de silence pour arriver à un morceau insignifiant.
Mais que diable, quel est l’intérêt artistique du truc ? Surprendre l’auditeur ? Asséner le coup de grâce avec la chanson qui tue et à laquelle on ne s’attend pas ? Remplir le disque2 ? Emmerder le iPoder, contraint de patienter un quart d’heure à la fin du disque pour entendre 2 minutes de bruits tordus parfaitement anecdotiques ? Non, non, non, je ne comprends pas.
Une variation tout aussi coupable
À peine mieux, quelques petits malins ont aussi mis en œuvre la boucle sonore jusqu’à la fin du disque. Mais enfin, qu’a fait l’auditeur pour mériter pareils supplices ?
Nous avons ainsi la boucle de fin de This Dust Makes That Mud, des Liars, qui se répète pendant 23 minutes :
Ou les 36 insupportables minutes de A Long Day du Polyphonic Spree. Je mettrais même Camille dans le coup avec son pénible concept de Le fil et ce bourdon qui se maintient tout au long de l’album.
Les exceptions
Deux exceptions méritent d’être mentionnées.
La première édition de Jarvis, premier album solo de Jarvis Cocker, leader de Pulp, se terminait ainsi par un blanc de 30 minutes avant que Running The World ne commence à être joué. Ce titre caché est sauvé pour 2 raisons. La première est que ce titre caché était le meilleur de l’album. La seconde est que les récentes éditions de Jarvis ont corrigé le tir et commence désormais par Running The World. Plus de morceau caché et faute avouée à moitié pardonnée.
Enfin, la dernière piste de Boire de Miossec voit s’enchaîner Que devient ton poing quand tu tends les doigts et Planter des primevères. Cette fois aussi on sauve ce titre caché car il est de qualité et le silence entre les titres reste suffisamment court — moins de 2 minutes — pour rester poli.
La pire playlist de l’histoire
Comme ultime argument, voici une sérieuse candidate au titre de pire playlist de l’histoire. Trois titres pour presque 86 minutes d’enfer. Enjoy (not).
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On ne parle pas ici du morceau qui n’est pas imprimé sur la pochette mais existe bel et bien. Non, ça, pourquoi pas. On parle ici du morceau de merde qui pourrit la piste en l’allongeant artificiellement. ↩
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“ben si le 41 c’est le même prix que le 45, je vais pas prendre les plus petites hein” (Coluche) ↩